mardi 22 septembre 2015

Le premier feu de l'automne


A la tombée du jour, je tombais de sommeil. J'ai piqué du nez sur la toile et j'ai laissé choir le pinceau. Il fallait réagir ! Ni une, ni deux ! J'ai déserté mon poste et, deux étages plus bas, finalement réveillé, j'ai allumé les lampes. J'ai démarré le feu. J'ai sorti une nappe et j'ai dressé la table. J'ai mis la viande à mijoter. J'ai préparé l'apéritif. En attendant que les amis arrivent, j'ai savouré dans un fauteuil l'exception de mon inaction. Je me sentais heureux tout seul dans ma tanière, avec pour seules présences mes trésors favoris : une abstraction réalité seconde, une carapace de tortue albinos, le faucheur offert à ma grand-mère par mon arrière grand-mère, des hommes-taureaux, un poisson céramique tout frétillant de vie. André Sablé, Yves Bazin, Berthe Séry, Gilles Capton et bien d'autres me tenaient compagnie. J'étais bien. 

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